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Écrire pour tout le monde : des communications gouvernementales inclusives

Cet article a été publié sur la page LinkedIn du SNC en décembre 2023. Consultez le billet original.

Pour offrir des services répondant aux divers besoins de la population, il est crucial de veiller à communiquer de manière inclusive. Cela implique notamment de transmettre des renseignements que les gens peuvent comprendre et d’utiliser les deux langues officielles (anglais et français).

Nous avons discuté avec Chantal Turcotte, directrice des communications actuellement en affectation au Bureau de la collectivité des communications (BCC), une entité du Bureau du Conseil privé (BCP). Chantal nous a parlé de l’importance des communications inclusives à ses yeux et nous a donné quelques astuces pour aider les fonctionnaires à développer leurs compétences dans le domaine.

Poste au BCC

Avant de rejoindre le BCC, j’ai été directrice des communications et des services linguistiques à Femmes et Égalité des genres (FEGC). Lorsque j’occupais ce poste, j’ai été surprise du nombre de personnes qui se posaient des questions sur le langage inclusif.

Je me suis demandé pourquoi le gouvernement du Canada ne disposait pas de ressources pour aider les gens à adopter une écriture plus inclusive. J’ai donc participé à la mise en place d’un groupe de travail interministériel pour relever ce défi. Ce groupe compte maintenant des membres de plus de 36 ministères du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux ! Ses travaux ont permis la publication des lignes directrices sur l’écriture inclusive en septembre 2022.

Cependant, je me suis rendu compte que je voulais aller plus loin. À mes yeux, le personnel avait besoin d’une formation officielle. J’ai eu beaucoup de chance : la direction a accepté que je rejoigne le BCC dans le cadre d’une affectation pour concevoir un cours sur l’écriture inclusive destiné aux fonctionnaires. Le groupe de travail s’est attelé à cette tâche en septembre, et le projet avance bien. J’ai également réalisé des présentations sur l’écriture inclusive lors de plusieurs conférences et évènements, y compris durant la Journée d’apprentissage du BCC de 2023.

Écrire pour tout le monde : Comment les mots peuvent inclure ou exclure

Les règles de grammaire traditionnelles opposant le masculin au féminin invisibilisent les femmes et les personnes non binaires. Elles créent une vision étroite et exclusive du monde. À l’inverse, utiliser le langage inclusif, c’est dire aux femmes et aux personnes non binaires que nous les voyons et qu’elles ont leur place dans ce monde.

Ma fille transgenre est une source infinie d’inspiration à mes yeux. Elle m’a amenée à me poser des questions auxquelles je n’avais jamais pensé auparavant en matière de genre et d’inclusion. Je vois bien la façon dont son visage s’illumine lorsqu’une personne s’adresse à elle en utilisant les pronoms qu’elle a choisis. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir incroyable des mots lorsqu’il est question d’acceptation et d’inclusion. La présence de ma fille m’a été précieuse durant tout ce parcours.

Le genre est perçu de façon extrêmement binaire dans notre société. Pourtant, c’est quelque chose de fluide et les gens peuvent exprimer leur genre ou s’identifier à un genre de diverses manières. Ce n’est pas quelque chose de figé.

Voici les trois raisons principales de l’importance du langage inclusif pour les fonctionnaires :

1. La façon dont nous parlons reflète notre manière de voir le monde. De nombreuses règles de grammaire utilisées de nos jours sont nées il y a 400 ans, dans un monde dominé par les hommes et axé sur ces derniers. Le monde a changé, mais le langage que nous utilisons est resté le même. Historiquement, l’utilisation du masculin par défaut a toujours primé sur l’inclusion de personnes d’autres genres. L’écriture inclusive montre que nous nous détachons de cette idée obsolète. 

2. La population canadienne est diverse sur le plan du genre, et nous devons écrire pour tout le monde. Selon les données du recensement de 2021, les femmes représentent 50,9 % de la population canadienne. Il y a plus de femmes que d’hommes au Canada! Quant aux personnes transgenres et non binaires, elles représentent 0,33 % de la population. De ce fait, les femmes, les personnes transgenres et les personnes non binaires représentent la majorité de la population canadienne. Nous devons adopter une manière d’écrire à l’image des gens que nous servons. Le langage évolue. Prenons l’exemple de l’anglais : à un certain stade, la désignation de la seconde personne « thou » a été remplacé par le mot « you ». À l’époque, ce changement avait fait scandale et indigné une partie de la population aux yeux de laquelle la langue devait rester immuable. Pourtant, de nos jours, nous utilisons beaucoup plus souvent « you » que « thou ».

3. Le langage a beaucoup de pouvoir. Les pronoms qu’une personne choisit reflètent la façon dont elle se perçoit. L’utilisation du mauvais pronom peut faire beaucoup de mal. D’ailleurs, le respect de l’identité et de l’expression de genre est maintenant abordé dans la Loi canadienne sur les droits de la personne. L’utilisation intentionnelle du mauvais pronom relève de la discrimination. Nous devons pouvoir nous adresser à toutes les identités de genre et les inclure dans tout ce que nous faisons.

Inclusivité dans les deux langues officielles

On croit souvent qu’écrire de manière inclusive en français est extrêmement compliqué. C’est un défi, certes, mais il est loin d’être insurmontable. Des procédés d’écriture simples peuvent être utilisés pour éviter le masculin générique ou la marque du genre. 

Pensons, entre autres, aux doublets, que tout le monde connaît ; « Canadiennes et Canadiens », par exemple. L’emploi de noms collectifs peut aussi être utile pour inclure non seulement les femmes et les hommes mais les personnes non binaires ou celles dont on ne connaît pas le genre. La « population canadienne », le « personnel », l’« équipe » en sont des exemples. On peut également utiliser des termes épicènes, c’est-à-dire des termes qui s’emploient tant au féminin qu’au masculin sans changer de forme, comme « fonctionnaire » ; on peut dire un ou une fonctionnaire. Au pluriel, les termes épicènes ont l’avantage d’inclure tout le monde. Vous trouverez une liste de terme épicènes ou neutres dans la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française.

Conseils à l’usage des fonctionnaires

1. Utilisez des noms pluriels.

On peut remplacer la phrase « Le ou la gestionnaire fournit des commentaires au personnel sur une base mensuelle » par la version plurielle « Les gestionnaires fournissent des commentaires au personnel sur une base mensuelle ». Cette méthode permet d’éviter le langage genré (« le » ou « la »). 

2. Visez la brièveté.

N’oubliez pas le langage clair! Le langage clair fait partie de la politique du gouvernement sur les communications. Visons la clarté avant d’assurer l’inclusivité.

3. Adressez-vous directement à votre lectorat.

Lorsque vous écrivez à une personne, adressez-vous directement à elle en utilisant « vous » au lieu de « il » ou « elle ». De cette façon, « Le locataire doit veiller à la propreté et à l’ordre de son appartement » devient « Vous devez veillez à la propreté et à l’ordre de votre appartement ». 

4. Ne perdez pas de vue votre lectorat.

L’utilisation active du langage inclusif ouvre une myriade de possibilités. 

La recherche indique notamment que les femmes sont plus susceptibles de postuler à une offre d’emploi lorsque celle-ci comprend à la fois l’intitulé du poste au masculin et au féminin. C’est encore plus vrai pour les offres d’emploi rédigées en français. Au lieu de n’utiliser que le masculin « administrateur », par exemple, ajoutez la version féminine « administratrice ». 

Marie-Sophie Bézert, membre du SNC, a écrit le billet de blogue Écrire sans exclure : l’inclusivité en langue française, qui offre d’autres conseils sur la rédaction d’offres d’emploi en français.

Découvrez d’autres manières de rendre vos textes plus inclusifs

Les lignes directrices sur l’écriture inclusive constituent une ressource précieuse en tout temps.

Inclusionnaire est un autre outil fantastique à la disposition des fonctionnaires. On y trouve une liste de mots genrés et des suggestions de solutions plus inclusives. 

J’ai également écrit le billet de blogue Qui a dit que l’écriture inclusive n’était pas compatible avec l’écriture claire et simple? pour le BCC. Celui-ci inclut des conseils supplémentaires pour les personnes cherchant à rendre leurs communications plus inclusives. 

Votre équipe ou vous-même travaillez à l’adoption d’une écriture plus inclusive? Contactez-nous pour nous donner vos exemples! Nous cherchons à savoir de quelle manière les fonctionnaires s’emploient à rédiger et à communiquer des renseignements tout en reflétant les besoins de toute la population canadienne.