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Libérer les potentiels : la capacité des programmathons à susciter le changement

Le 8 mars est la Journée internationale des femmes. C’est le moment de réfléchir aux avancées réalisées jusqu’ici et aux chemins qu’il reste à paver vers l’égalité des genres. Cette année, le gouvernement du Canada met l’accent sur le thème « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Cette thématique sert à la fois de rappel et d’appel à l’action : elle nous invite à promouvoir des environnements inclusifs pour les femmes et les personnes non binaires et à façonner ainsi un avenir propice à l’épanouissement de chacun·e. Nous avons connu des avancées technologiques spectaculaires, et la demande en matière d’expertise numérique ne cesse de croître. Pourtant, les personnes d’identité de genre marginalisées — les personnes transgenres, bispirituelles, non binaires et dont le genre n’est pas valorisé socialement, ainsi que les femmes cis — ne représentent qu’un maigre 24 % de la main-d’œuvre canadienne dans le domaine technologique – données de 2023.

Nous avons voulu savoir comment la création d’une culture d’innovation et de confiance pouvait donner naissance à un environnement de travail plus équitable. Pour ce faire, nous avons interrogé Jumana Bahrainwala et Sylvia McLaughlin, toutes deux développeuses au Service numérique canadien (SNC). Jumana et Sylvia améliorent les services du GC en développant des outils accessibles et sûrs. Mais elles ne s’arrêtent pas là : elles cherchent aussi à créer au SNC une culture axée sur l’apprentissage, la curiosité et l’innovation. Fin 2023, elles ont mené ensemble un programmathon réunissant des équipes de tout l’organisme pour explorer l’utilisation de l’IA générative dans le cadre de notre travail. À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous voulons mettre en lumière le travail qu’accomplissent Jumana et Sylvia pour promouvoir la créativité et l’inclusion, au SNC comme dans le reste du GC. 

Un potentiel à exploiter

Nous avons demandé à Jumana et à Sylvia de nous parler un peu d’elles et de la façon dont leurs carrières respectives en TI avaient commencé. Jumana s’est d’abord lancée dans la finance, avant de faire un stage en développement de logiciel. Un vrai déclic. « C’est peu de dire que j’ai aimé ça : j’ai passé des heures à essayer de m’améliorer et à parfaire mes compétences durant mon temps libre. Après ça, j’ai suivi tous les cours d’informatique que j’ai pu à l’université, et je n’ai jamais regretté mon choix », nous a-t-elle livré.

Pour Sylvia, qui étudiait à l’origine les mathématiques, il s’est également produit un changement de trajectoire inattendu. Son entrée dans le monde de la technologie date de l’université, lorsque son choix s’était porté sur un cours optionnel en informatique. « J’ai pris ce cours en option et j’ai beaucoup aimé les défis posés par la résolution de problèmes en programmation : c’était comme résoudre un nouveau casse-tête chaque jour. Sans compter que ce domaine présentait de meilleures possibilités d’emploi que celles offertes par le diplôme en mathématiques que j’envisageais au départ. »

Une culture axée sur la promotion de l’innovation

L’objectif du SNC — outiller le gouvernement pour mieux servir les gens — implique de créer des produits numériques résolvant des problèmes courants. Pour y parvenir, il faut repousser les limites de l’innovation et explorer de nouveaux modes de pensée, malgré les lourdeurs bureaucratiques (nous y reviendrons). Nous avons demandé à Jumana et à Sylvia de nous en dire plus sur la culture d’innovation au SNC. « Notre équipe encourage sans cesse l’innovation! », nous a livré Jumana. « Les développeur·euse·s cherchent des outils à code source ouvert à ajouter à nos flux de travail. Je trouve ça génial! Notre gestionnaire de projet étudie les façons dont nous pouvons mieux servir les utilisateur·rice·s, et l’équipe de conception explore toujours de nouvelles idées qui pourraient nous être utiles. Au lieu de se voir répondre “non”, les gens sont encouragés à essayer de nouvelles choses, tant qu’ils ne perdent pas de vue la question des renseignements identificatoires. »

Jumana a également présenté les outils que le SNC a en commun avec le secteur privé. « Nous utilisons GitHub, MacOS (ou Windows), AWS, Slack… et presque tous nos référentiels sont à code source ouvert. »

Sylvia nous a expliqué avoir trouvé l’approche novatrice du SNC attrayante. Pour elle, il était extrêmement important de trouver un emploi qui lui plairait tout en lui permettant d’apporter une contribution positive à la société. « J’ai été extrêmement séduite par l’engagement du SNC envers la transparence : dans la majorité des cas, nous travaillons de manière ouverte et mettons notre contenu à la disposition du public. »

Sylvia a également mentionné l’importance qu’il y a à encourager l’innovation en faisant confiance au personnel. « Notre environnement est placé sous le signe de l’innovation car nous avons la liberté de choisir les technologies que nous utilisons (dans la limite du raisonnable). Cette liberté joue un grand rôle dans notre façon de développer nos solutions. » Elle poursuit : « Donner aux gens les bons outils, c’est leur permettre de trouver des solutions créatives et intelligentes. De plus, notre approche consistant à adapter des outils à code source ouvert pour les faire correspondre à nos besoins spécifiques augmente notre capacité d’innovation et nous permet de terminer plus rapidement nos projets ».

Programmathon : le premier d’une longue série?

Qu’est-ce qu’un « programmathon »? Pour résumer, il s’agit d’un évènement où des gens se réunissent pour se livrer à une programmation informatique en mode collaboratif. L’objectif est de créer ou d’améliorer un logiciel ou un produit numérique. Pour Sylvia, cela « ressemble à une explosion de créativité : les équipes collaborent pour résoudre des problèmes, apprennent ensemble et s’affrontent pour gagner des prix grâce à leurs ingénieux projets. » Elle tient par ailleurs à souligner que cet évènement particulier était l’idée de Jumana, qu’elle a aidé à concrétiser.

Nous avons demandé à Jumana et Sylvia de nous parler des prémices de ce projet commun. « Honnêtement, je voulais réunir des personnes de tout le SNC pour explorer les outils d’IA générative qui pourraient nous être utiles au quotidien. Les innovations s’enchaînent dans le domaine de l’IA et je voulais que les membres du SNC puissent tirer profit des outils de ce secteur. J’en ai discuté avec Sylvia et elle a proposé, avec beaucoup d’enthousiasme, de m’aider à organiser le programmathon! Ensemble, nous avons mis en place un évènement pour réunir des collègues de tout le SNC, venir à bout de projets en équipe et découvrir de nouveaux outils d’IA générative », a expliqué Jumana.

Sylvia a souligné qu’au début de la planification, le duo était conscient de l’expertise variable de ses collègues dans ce domaine technologique particulier. « Nous voulions façonner un espace au sein duquel les personnes participantes pourraient explorer l’IA et découvrir en quoi elle pourrait les aider dans leurs tâches. »

L’évènement, un programmathon d’une demi-journée, devait inspirer le personnel du SNC à explorer les outils d’IA qui pourraient améliorer son travail. « Comme l’équipe du SNC est répartie entre plusieurs fuseaux horaires, nous avons limité l’évènement à une demi-journée », a ajouté Sylvia. « C’était un créneau suffisant pour permettre à tout le monde de découvrir les technologies d’IA présentées. Nous avons fait la promotion du programmathon en amont, invité des mentor·e·s à offrir des conseils pendant l’évènement et donné une présentation sur les outils d’IA. Après quoi, nous avons divisé les personnes participantes en plusieurs groupes en fonction de leur profession afin qu’elles puissent explorer des outils d’IA pertinents dans leur domaine. À la fin du programmathon, chaque groupe a donné une brève présentation sur l’outil d’IA qu’il avait découvert et sur la façon dont cet outil pourrait s’appliquer à son travail. Pour terminer, toutes les personnes participantes ont voté pour l’équipe ayant présenté de la manière la plus convaincante son outil d’IA et l’utilisation innovante qu’elle en avait faite. L’équipe ayant récolté le plus de votes a remporté le programmathon. »

Avant l’évènement, Sylvia et Jumana se sont alignées avec les équipes des politiques et de la sécurité du SNC pour veiller à ce que les mesures de mise en conformité nécessaires soient prises. « Nous avons préparé une déclaration à l’intention des personnes participantes en leur indiquant de ne pas fournir de renseignements privés et de respecter les politiques en place en matière d’IA. Au début du programmathon, un·e conseiller·ère en politiques a également expliqué ce qui était permis et ce qui ne l’était pas. Cette intervention a permis aux personnes participantes d’utiliser les outils d’IA de manière sûre et responsable et a garanti qu’aucun renseignement privé ou sensible ne soit mis en péril. »

Jumana a ajouté que la direction avait aidé le duo à faire de son projet une réalité. « L’organisme nous a beaucoup soutenues dans cette initiative de programmathon. Le plus difficile a été d’inciter nos collègues à participer, car les gens ne savaient pas vraiment à quoi s’attendre. ».

Il peut être difficile d’obtenir les autorisations nécessaires pour mettre en place un évènement de ce type (surtout dans le contexte du gouvernement). Dans un tel cas, comment convaincre les équipes de direction? Sylvia nous a répondu : « Pour obtenir le soutien nécessaire en vue d’un programmathon, il faut souligner la façon dont cette activité renforce l’innovation et l’esprit d’équipe, veiller à ce que l’évènement corresponde aux objectifs de l’organisme et préparer un plan détaillé répondant à toutes les préoccupations potentielles. »

Une chance de collaborer

Le programmathon a offert à l’équipe du SNC une occasion de collaborer. Il a permis aux gens de découvrir et de tester des outils d’IA dans un cadre sécuritaire. « Il a suscité un intérêt pour l’IA, surtout chez ceux et celles qui n’avaient pas encore envisagé le potentiel de cette technologie auparavant. Ces personnes ont maintenant élargi leurs perspectives et ont davantage conscience des possibilités qu’offre l’IA en matière d’innovation », nous a expliqué Sylvia. Si vous envisagez d’incorporer l’IA au flux de travail de votre équipe, consultez le guide d’utilisation de l’IA générative.

L’évènement a été un véritable succès. 

Jumana a remarqué que certaines personnes (participant ou non à l’activité) avaient trouvé le programmathon extrêmement plaisant et avaient grâce à lui découvert de nouveaux outils à inclure dans leurs tâches quotidiennes.

« J’ai reçu une montagne de messages me disant que l’évènement avait été vraiment amusant et instructif. Les gens ont beaucoup aimé le fait de pouvoir compter sur les conseils de mentor·e·s et de se voir encouragés à utiliser un outil d’IA pour résoudre un problème quelconque. »

À la question « Recommanderiez-vous les programmathons aux équipes du GC? », notre duo n’a pas caché son enthousiasme. « Absolument! C’est un bien petit risque à prendre pour une si grande récompense. Vous pourriez découvrir de nouveaux produits et outils qui changeraient totalement la donne pour votre organisme », a indiqué Jumana.

« Les programmathons sont d’excellents catalyseurs pour l’esprit d’équipe, l’innovation et la créativité », a ajouté Sylvia. « Je recommande vivement aux autres équipes de l’organisme de s’y essayer. »

L’égalité devant le code 

Revenons à notre thème central : la Journée internationale des femmes 2024. Nous avons demandé à Sylvia de nous faire part de ses réflexions sur cette Journée. Voici sa réponse :

« Pour les femmes du domaine de la technologie, la Journée internationale des femmes a deux effets : elle célèbre ce que nous avons déjà accompli tout en nous rappelant les défis qu’il nous reste à relever pour atteindre l’égalité des genres au sein de notre industrie. Elle met en évidence les réussites féminines en matière de TI, encourage davantage de femmes et de filles à viser des carrières en technologie et souligne la nécessité d’un environnement de travail bienveillant et inclusif, au sein duquel les femmes pourraient briller sans être la cible de discrimination ou de préjugés. »

Souvenez-vous des chiffres mentionnés au début de l’article concernant la représentation des genres dans le domaine technologique. Les employeurs ont encore beaucoup à faire pour atteindre l’égalité et promouvoir des espaces de travail inclusifs. Il s’agit là d’un engagement constant du GC, lequel met en place divers projets comme l’Analyse comparative entre les sexes plus, un outil analytique servant à l’élaboration de politiques, de programmes et d’autres initiatives adaptés et inclusifs. Nous avons demandé à Sylvia comment le GC pouvait mieux équiper les femmes et les personnes non binaires spécialistes du développement pour leur permettre d’explorer et de diriger des initiatives de TI. 

« Pour soutenir les femmes et les personnes non binaires occupant des postes de développement dans le domaine des TI, le gouvernement canadien devrait faire la part belle aux politiques inclusives, offrir du mentorat, créer des programmes éducatifs sur mesure et veiller à la diversité des équipes. Il est important que les cadres de travail répondent à différents besoins et que les ressources disponibles encouragent l’innovation. Pour que ces efforts portent leurs fruits, il faut évaluer régulièrement la situation et mettre en œuvre les changements nécessaires afin de répondre aux besoins des groupes sous-représentés dans l’industrie de la technologie. »

Un coup de pouce à l’avenir

Votre équipe étudie-t-elle la manière dont l’IA peut améliorer la prestation de services au public? Pour en savoir plus, consultez les ressources suivantes :

Si votre équipe organise un programmathon ou si vous avez d’autres idées pour créer un cadre sécuritaire où la créativité et l’innovation sont encouragées au sein du GC, racontez-nous votre histoire